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Programme de suivi et de protection de la Barge à queue noire en Vendée : campagne de baguage 2017

La Vendée abrite les principales populations nicheuses de la Barge à queue noire L. l. limosa en France. En 2015, deux sites accueillaient ainsi près de 80 % des effectifs nicheurs, avec respectivement 95 à 105 couples en Marais breton et 22 à 26 couples en Marais poitevin (Robin et al., 2016). La première de ces entités a pour particularité d’être la seule à l’échelle nationale à connaître une dynamique positive de ses effectifs (plus du double en vingt ans, Quaintenne et al., 2013). A l’inverse, le Marais poitevin a connu un déclin de ses populations, désormais estimées à 22-23 couples nicheurs (Guéret et Sudraud, 2017). Outre les facteurs liés à l’habitat influençant directement ces populations nicheuses (voir par exemple Phelippon et Dulac, 2016), améliorer les connaissances concernant les déplacements de ces individus, mais aussi la productivité des couples nicheurs et la survie des poussins, était indispensable pour comprendre cette dynamique.

Un programme personnel d’étude et de recherche faisant appel au baguage a ainsi été déposé auprès du CRPBO (Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux) par Frédéric Robin (LPO France) : « Suivi démographique de la population de la Barge à queue noire Limosa limosa limosa en reproduction dans les marais côtiers du centre ouest de la France ». En plus de l’apposition conventionnelle de bagues métalliques, l’individualisation des barges se fait suivant un programme de marquage coloré.

Débutés en 2012 en partenariat avec la LPO Vendée et la Communauté de Communes (CDC) Océan Marais de Monts, ces travaux consistent à la fois à baguer des poussins et des adultes. Les premiers sont capturés de façon opportuniste, en observant le comportant des adultes qui alarment. Le bagueur avance dans la direction supposée des poussins et tente de les repérer à travers les multiples caches qu’ils peuvent utiliser (herbes, bordure de fossés, pas de vaches…). Seuls les poussins les plus âgés seront ensuite bagués. Les adultes sont eux capturés à l’aide d’une cage posée sur le nid. Lorsque la cage est posée, l’oiseau s’envole, puis il revient et pénètre dans la cage par un entonnoir pour retourner sur ses œufs. La cage est posée 1 ou 2 jours avant la date prévue pour l’éclosion des œufs, afin d’éviter des abandons. Ces opérations ont permis de baguer 1 adulte et 18 poussins en 2017. Au total, depuis 2012, 37 adultes et 140 poussins ont été bagués. Un adulte portant déjà des bagues a été capturé au nid en 2017, il s’agit d’un oiseau qui avait été bagué poussin en 2015.

L’augmentation de la taille de l’échantillon d’individus marqués nicheurs ou nés en Marais breton permet d’augmenter le nombre de contrôles visuels des individus (plus de 200 chaque année depuis 2015), notamment grâce à l’augmentation du nombre d’individus marqués, à l’augmentation du nombre de poussins devenus adultes et à la mise en ligne de la base de données participatives (voir ci-dessous). Ils permettent de disposer d’informations importantes pour la compréhension des déplacements et de la survie de cette métapopulation en particulier. Ainsi, la date de retour la plus précoce d’un de ces oiseaux en Marais breton a été le 28 février 2017, tandis que les derniers individus observés l’ont été le 24 juillet 2017 sur la lagune de Bouin. En incluant toutes les années d’observation depuis le début du programme de baguage, les observations s’étendent du 27 février au 17 septembre. Le pic de fréquentation en Marais breton se situe, lui, plutôt entre la mi-mars et la mi-juin.

Des observations notables ont pu être effectuées hors du Marais breton. Dix-sept oiseaux du programme de baguage ont été observés en péninsule Ibérique (Espagne et Portugal) en janvier-février. Ces individus effectueraient donc au moins la fin de leur hivernage en péninsule Ibérique. Ces données incrémentent les connaissances sur les individus nicheurs du Marais breton mais aussi sur la manière dont le noyau de population est susceptible de s’étendre. Trois oiseaux marqués en Marais breton ont fréquenté trois autres sites de nidification :

  • Un oiseau bagué en 2015 ou 2016 (lecture incomplète) a été observé aux Pays-Bas en mars 2017.
  • Un oiseau bagué poussin en 2015 a été observé en Brière, entre la mi-avril et début juin 2017 (nicheur probable sur place).
  • Un oiseau bagué poussin en 2014 s’est cantonné à la RNR de la Vacherie jusqu’au 15 avril (aucune observation ensuite).

Plusieurs oiseaux ont également été régulièrement observés en halte migratoire sur plusieurs sites (RCFS Chanteloup, communal de Lairoux, RNN Michel Brosselin, RNN Baie de l’Aiguillon…).

L’accumulation de ces données permet d’améliorer les connaissances sur les dates de pontes des oiseaux (toutes années confondues, du 25 mars au 12 avril), ainsi que sur les dates d’envol des jeunes. Une majeure partie des poussins ne serait pas volant au 10 juin, date la plus contraignante des MAEC de niveau 2.

La poursuite du programme commence à porter ses fruits en termes de connaissances, prépondérantes pour disposer d’arguments quant à la conservation de la Barge à queue noire en France. Il est à la fois important de le poursuivre pour augmenter la robustesse de l’échantillon, mais également d’augmenter l’effort de prospection sur les individus marqués par des bagues couleur. Une base de données interactive est à disposition sur le site http://www.bargeaqueuenoire.org, développé par la LPO Vendée en 2016 et 2017. Les données des trois programmes de baguages français de la Barge à queue noire seront prochainement intégrées au site, permettant d’avoir un retour rapide a minima pour ces oiseaux.

Pour rappel, les premiers résultats ont été valorisés en 2016 dans une publication à caractère scientifique :

ROBIN, F., ROBIN J.-G., DULAC P., 2016. Démographie de la population de Barge à queue noire Limosa limosa limosa en reproduction dans les marais côtiers du Centre-Ouest de la France : premier bilan de cinq années de suivi. La Gorgebleue 2.0, 013-FV2016, 10 p., www.faune-vendee.org.

Actions mises en œuvre : 1.2, 1.3, 1.5, 5.2, 5.4, 9.

Financements : Agence de l’eau Loire-Bretagne (80,0 %), LPO Vendée (20,0 %).

Coût total du projet : 11 730,00 €

Références bibliographiques :

GUÉRET J.-P., SUDRAUD J., 2017. Limicoles nicheurs du Marais Poitevin – Synthèse de l’enquête 2015-2016. Observatoire du Patrimoine naturel du Marais Poitevin.

PHELIPPON C., DULAC P., 2016. Caractérisation et valorisation des zones de nidification de la Barge à queue noire en Marais breton vendéen. LPO Vendée, DREAL, CC OMDM. 30 p.

QUAINTENNE G. et les coordinateurs-espèces, 2014. Les oiseaux nicheurs rares et menacées en France en 2013. Ornithos, 24 (6).

ROBIN F., DULAC P., CROUZIER P., GELINAUD G., GUERET J.-P., MONTFORT D., MOREL F., PHELIPPON C., PIETTE J., TRIPLET P. et ROBIN J.-G., 2016. Nidification de la Barge à queue noire Limosa limosa en France : état des lieux. Ornithos, 23-1 : 2-15.

ROBIN, F., ROBIN J.-G., DULAC P., 2016. Démographie de la population de Barge à queue noire Limosa limosa limosa en reproduction dans les marais côtiers du Centre-Ouest de la France : premier bilan de cinq années de suivi. La Gorgebleue 2.0, 013-FV2016, 10 p., www.faune-vendee.org.

Contacts :

Perrine Dulac (LPO Vendée) – marais-breton@lpo.fr – 02.51.49.76.53

Frédéric Robin (LPO France) – frederic.robin@lpo.fr – 05.46.82.12.34

Merci à Perrine Dulac pour sa contribution à la synthèse de l’action.

 

 

 

 

 

 

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PNG Barge à queue noire